Académie

des Sciences Morales
des Lettres et des Arts de

Versailles

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janvier
2017
mardi
17

Le Sacre de la Reine

Patrick DEMOUY



 Les premières reines carolingiennes ont été bénies voire couronnées, mais ce n'est que dans la deuxième moitié du IXe siècle que l'onction est attestée. Les formules du rituel portent la marque de l'archevêque de Reims Hincmar, les références aux femmes fortes de l'Ancien Testament, l'insistance sur les vertus attendues et la fécondité espérée. Le sacre de la reine procède de celui du roi, mais celle-ci apparaît à un moindre degré de sacralité dans les insignes qu'elle reçoit et la réduction des opérations. Il n'y a que deux onctions (au lieu de neuf) sans recours à la Sainte Ampoule censée remonter au baptême de Clovis. De ce fait le voyage à Reims n'est pas requis, sauf en cas de sacre conjoint aux XIIe et XIVe siècles. La plupart des rois sont sacrés jeunes -longtemps du vivant de leur père- et donc célibataires; le sacre de la reine suit en général son mariage. La  cathédrale puis la Sainte-Chapelle du palais royal de Paris s'imposent d'abord, avant l'abbatiale Saint-Denis. Le 13 mai 1610 Marie de Médicis est la dernière reine sacrée, à la veille de l'assassinat d'Henri IV. Avec la monarchie absolue, les dernières souveraines sont rejetées dans l'ombre de la représentation.

Patrick DEMOUY est agrégé et docteur en histoire, docteur ès lettres, professeur émérite d'histoire médiévale à l'Université de Reims et à l'Institut catholique de Paris, secrétaire général de l'Académie nationale de Reims. Sa thèse d'Etat sur les archevêques de Reims et leur Eglise aux XIe et XIIe siècles a reçu le Grand Prix Gobert de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Spécialiste de la cathédrale de Reims il vient de publier Le sacre du roi aux éditions La Nuée Bleue.